Notre société est victime du stress, état qui peut affecter le sommeil, le travail, les relations humaines, ainsi que notre santé mentale et physique. Le stress est-il un facteur de risque des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ?
Un AVC survient lorsqu'une artère à proximité ou dans le cerveau est soit bloquée, coupant l'approvisionnement en sang des tissus du cerveau, soit sectionnée, provoquant une hémorragie. Le stress chronique serait un facteur de risque d'accident vasculaire cérébral, même si son impact reste faible. Les études cliniques sur le sujet sont problématiques, car infliger des contraintes et des pressions sur un échantillon de personnes, afin de les mettre en situation réelle de stress, est délicat au plan éthique. Les études se font donc sur des cas réels, qui s'appuient sur des entretiens avec des personnes qui ont récemment eu un accident vasculaire cérébral, fournissant aux chercheurs des informations qui peuvent être inexacts.
L’étude espagnole
Dans une étude espagnole récente (1), les chercheurs ont interrogé 150 personnes qui avaient eu un accident vasculaire cérébral. Les participants qui ont déclaré avoir subi du stress au cours de l’année précédente, avaient près de quatre fois plus de risques d'avoir un accident vasculaire cérébral par rapport à un groupe de personnes semblables qui n'ont pas eu d'AVC. Les résultats de cette étude sont accueillis avec précaution par la communauté scientifique qui travaille sur ce sujet.
En effet, on peut penser que les personnes victimes d’un AVC sur-interprètent a posteriori l’intensité du stress auquel ils ont été exposés. Ils cherchent des explications à ce qui leur est arrivé et se révèlent plus sensibles qu’auparavant. Les avis divergent sur la responsabilité directe du stress sur un AVC, en revanche, il y a consensus sur le fait que le stress chronique (qui est installé depuis des mois ou des années) amplifie l’impact des autres facteurs de risque.
Dans l'étude Interstroke (2), qui portait sur 6000 personnes dans 22 pays, le stress est identifié comme l'un des 10 facteurs de risque modifiables qui concernent 90% des AVC dans le monde. Dans cette étude, les facteurs de risque identifiés sont :
- L’hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé,
- Le tabagisme, l’obésité, une mauvaise alimentation, le diabète,
- Une faible activité physique, la consommation d'alcool,
- Les causes cardiaques telles que la fibrillation auriculaire, l’infarctus du myocarde et les maladies des valves cardiaques,
- Les facteurs psychologiques tels que le stress et la dépression.
Chacun de ces facteurs comporte un niveau de risque différent. Un tiers des AVC est attribuable à l’hypertension artérielle, alors que le stress est lié à moins de 5 % des AVC. L’étude Interstroke et d’autres, confirment que le stress chronique est un facteur de risque pour les AVC, mais son importance est mineure.
Comment le stress peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux
Le stress est la réponse de votre corps face à un élément extérieur, perçu comme une menace. Lorsque vous vous sentez menacé, votre cerveau envoie un message à vos glandes surrénales, qui produisent alors des hormones, comme l'adrénaline et le cortisol, qui vous mettent en situation défensive : accélération du rythme de la respiration, du rythme cardiaque ainsi que de la pression artérielle. Lorsque le stress est chronique, vous restez dans cet état d'excitation physiologique, ce qui peut affecter de nombreuses parties de votre corps. Un certain nombre d'explications biologiques confirmeraient un lien entre stress et AVC, en agissant sur l'hypertension artérielle :
- Le stress chronique peut augmenter l'exposition prolongée à une pression artérielle plus élevée et donc favoriser l’apparition de dommages au niveau des parois des vaisseaux sanguins, augmenter le risque de maladie cardiaque et de fibrillation auriculaire (battements cardiaques irréguliers).
- Il pourrait prédisposer à l'athérome (gonflement dans une paroi de l'artère), à l’anévrisme (un renflement de la paroi du vaisseau sanguin) et à l'AVC ischémique.
- Les événements stressants aigus - comme le décès d'un conjoint ou la perte d’un emploi - sont liés de façon récurrente à des crises cardiaques, et bien qu'il n'y ait aucune preuve solide que ceux-ci puissent causer des accidents vasculaires cérébraux, cela fait partie des hypothèses retenues.
- Enfin, la production d’adrénaline, en cas de stress, peut activer les plaquettes dans le sang et favoriser la coagulation, provoquant parfois un blocage des artères dans le cerveau ou à proximité.
Les personnalités de type A
Un aspect intéressant de l'étude espagnole était que les personnes de « type A ». Comportements agressifs et goût pour la compétitivité - doublaient le risque d'accident vasculaire cérébral par rapport à ceux qui étaient plus décontractés. Aucune explication scientifique n’a pu être établie, cependant les chiffres sont sans appels. Les personnalités de type A sont aisément reconnaissables : ce sont des managers, des responsables de projets, des hommes d’affaires qui sont investis à plus de 100% dans leur travail aux dépens de leur équilibre personnel. Cette catégorie de personnes pourrait réduire significativement le risque de faire un AVC en ralentissant leur rythme de travail.
Les effets du stress
Il est intéressant de noter que la façon dont certains réagissent face au stress peut augmenter le risque d'AVC.
Par exemple, certaines personnes utilisent des cigarettes et de l'alcool pour les aider à gérer le stress. Mais ces deux produits peuvent augmenter les risques d'avoir un AVC ou contribuer à l'hypertension artérielle. En effet, les gens stressés qui fument augmentent leur consommation de cigarettes. Certains boivent pour lutter contre le stress et pour mieux dormir, même si cela n’est pas très efficace. D’autres ont tendance à oublier de prendre leurs médicaments – par exemple des médicaments contre l'hypertension. De façon indirecte, le stress a donc des effets sur les risques d’AVC.
Réduire votre risque d'AVC
- Gérer son stress, ne pas fumer, limiter sa consommation d'alcool (pas plus de 2 verres par jour).
- Faire contrôler au moins une fois par an la pression artérielle et le cholestérol (pour les hommes de plus de 40 ans et les femmes de plus de 50).
- Maintenir un poids de santé, adopter une alimentation équilibrée, faire de l'exercice régulièrement.
Sources : ABC.net.au/Jenny Pogson. (1) J Neurol Neurosurg Psychiatry doi:10.1136/jnnp-2012-302420. Is psycho-physical stress a risk factor for stroke? A case-control study. Jose Antonio Egido1, Olga Castillo1, Beatriz Roig1, Isabel Sanz1, Maria Rosa Herrero1, Maria Teresa Garay1, Ana María Garcia1, Manuel Fuentes2, Cristina Fernandez. (2) Risk factors for ischaemic and intracerebral haemorrhagic stroke in 22 countries (the INTERSTROKE study): a case-control study.