Les maladies auto-immunes ? Tout le monde en parle. Mais qu'est-ce en vérité ?
Le corps humain dispose d’un système immunitaire, réseau complexe de cellules spéciales et d’organes qui le défendent contre les microbes et autres envahisseurs étrangers. Le cœur du système immunitaire réside dans sa capacité à identifier et différencier les corps étrangers des éléments constitutifs de l’organisme. Une faille, un défaut de fonctionnement peut rendre l'organisme incapable de faire cette différence.
Lorsque cela arrive, le corps fabrique des auto-anticorps (qui attaquent les cellules normales par erreur). Dans le même temps, des cellules spéciales appelées cellules T régulatrices ne parviennent pas à faire leur travail consistant à préserver le fonctionnement correct du système immunitaire. Ainsi, ce dernier attaque par erreur les cellules humaines et provoque des dégâts chroniques. On parle alors de maladies auto-immunes.
De nombreux mécanismes, cellules et organes peuvent être touchés. Il en existerait plus d’une cinquantaine. Les maladies auto-immunes sont fréquentes, affectant 5 à 10% des populations. Elles concernent plus particulièrement :
- Les femmes en âge de procréer.
- Les personnes ayant des antécédents de maladies auto-immunes dans leur famille. Il est également fréquent que différents types de maladies auto-immunes affectent plusieurs membres d'une même famille. L’explication pourrait être génétique et/ou comportementale (mode de vie).
- Les personnes confrontées à des contaminations ou des expositions nuisibles : produits chimiques (solvants), expositions solaires prolongées, infections virales et bactériennes, …
- Certains groupes ethniques : certaines maladies auto-immunes sont plus fréquentes ou affectent plus gravement certains groupes que d'autres, certainement en raison de leur profil génétique. Par exemple, le diabète de type 1 est plus fréquent chez les Caucasiens. Le lupus est plus sévère chez les Africains, les Afro-Américains et les Latino-Américains.
Quelques exemples de maladies auto-immunes
Bien que très différentes les unes des autres, les maladies auto-immunes possèdent des symptômes récurrents comme la fatigue, des étourdissements et une faible fièvre. La plupart du temps, les symptômes apparaissent par intermittence et leur intensité varient. Lorsque les symptômes disparaissent pendant un moment, on parle de rémission. Lorsqu’ils réapparaissent brutalement avec une plus grande intensité, on parle alors d'éruption.
L’alopécie ou pelade
Le système immunitaire attaque les follicules pileux (les structures à partir de laquelle les cheveux poussent). Il n'est généralement pas une menace pour la santé, mais il peut affecter l’allure générale de la personne. Signes d’alerte : chute de cheveux par endroits sur le cuir chevelu, le visage ou d'autres zones du corps.
La maladie cœliaque
Cette maladie se caractérise par une intolérance au gluten, substance contenue dans le blé, le seigle et l'orge, mais aussi dans les produits transformés de l’agro-alimentaire et dans certains médicaments. Au contact du gluten, le système immunitaire réagit en endommageant la paroi de l'intestin grêle. Signes d’alerte : ballonnements et douleurs abdominales, diarrhée ou constipation, perte ou prise de poids, fatigue, aménorrhées, éruption cutanée, démangeaisons, infertilité ou fausses couches…
Le diabète de type I
Le système immunitaire attaque les cellules qui fabriquent l'insuline, une hormone nécessaire pour contrôler la glycémie. En conséquence, le corps ne peut fabriquer de l'insuline. Sans insuline, trop de sucre reste dans le sang. Une glycémie constamment trop élevée peut endommager les yeux, les reins, les nerfs, les gencives et des dents. Cependant, la principale conséquence du diabète de type I est la survenue de maladies cardiaques. Signes d’alerte : soif récurrente et fréquentes envies d’uriner, grosse fatigue et nombreuses fringales, perte de poids inexpliquée, plaies qui guérissent lentement, peau sèche et démangeaisons, perte de sensibilité ou picotements dans les pieds, vision flou.
Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)
Elles ont toutes comme point commun de provoquer une inflammation chronique du tube digestif. La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse sont les formes les plus courantes des MICI. Signes d’alerte : douleurs abdominales, diarrhées (parfois sanglante), saignement rectal, fièvre, perte de poids.
Le psoriasis
On parle de psoriasis lorsque les cellules de la peau se renouvellent trop rapidement, ce qui génère des inflammations localisées. Elles s'accumulent à la surface de la peau et forment une couche de pellicules blanches appelées squames. Parfaitement inoffensives, celles-ci ont pourtant le désavantage d'être inesthétiques. Le psoriasis peut se développer sur toutes les parties du corps (visage, coudes, genoux, cuir chevelu, ongles, etc...). Signes d’alerte : épaisses plaques rouges recouvertes de squames apparaissant généralement sur le cuir chevelu, les coudes, les genoux ; démangeaisons et douleurs (handicapantes au quotidien) ; plus rarement une forme d'arthrite qui affecte les articulations, les extrémités des doigts et des orteils ou provoquent un mal de dos.
L'arthrite rhumatoïde
En cas d’arthrite rhumatoïde, c'est le système immunitaire par le biais des lymphocytes T qui ordonnent la destruction du cartilage articulaire, générant une inflammation chronique et des douleurs articulaires. L’inflammation entretient la mobilisation du système immunitaire ou inversement, ne laissant aucun répit à l’organisme pour permettre la reconstruction articulaire. Signes d’alerte : articulations douloureuses, raides, enflées et déformées, mobilité et flexibilité réduite. Éventuellement : fatigue, fièvre, perte de poids, inflammation oculaire, maladies pulmonaires, anémie.
Un diagnostic difficile
Obtenir un diagnostic peut être un processus long et stressant. En effet, bien que chaque maladie auto-immune soit unique, elle partage avec d’autres maladies auto-immunes, ou non, un certain nombre de symptômes. Cela rend le diagnostic délicat pour les médecins. Généralement, le médecin généraliste oriente les patients vers des spécialistes ou de professionnels de santé qualifiés, en fonction des signes d’alertes majeurs (rhumatologue, endocrinologue, néphrologue, hématologue, gastro-entérologue, psychothérapeute, etc.).
Quels traitements ?
Plusieurs types de médicaments sont utilisés pour traiter les maladies auto-immunes en fonction de leur intensité et avec des objectifs différents :
- Soulager les symptômes. Il est possible d’utiliser des antalgiques classiques comme l'aspirine et l'ibuprofène pour les douleurs légères. Lorsque la maladie est plus intense, certains médicaments sur ordonnance peuvent soulager certains symptômes : douleurs, gonflements, dépression, anxiété, troubles du sommeil, fatigue, éruptions cutanées.
- Remplacer les substances vitales du corps qu’il ne peut plus fabriquer lui-même. Certaines maladies auto-immunes, comme le diabète de type I et les maladies de la thyroïde, peuvent affecter la capacité du corps à produire des substances dont il a besoin pour fonctionner. Avec le diabète, les injections d'insuline sont nécessaires pour réguler la glycémie.
- Supprimer l’activité du système immunitaire. Certains médicaments peuvent supprimer l'activité du système immunitaire afin d’aider à contrôler le processus de la maladie et préserver la fonction des organes. Par exemple, ces médicaments sont utilisés pour contrôler l'inflammation dans les reins chez les personnes atteintes de lupus afin d’en maintenir le fonctionnement. Une classe de médicaments appelés anti-TNF alpha bloque l'inflammation dans certaines formes d'arthrite auto-immune et en cas de psoriasis.
Des solutions alternatives complémentaires
La médecine alternative permet de réduire certains symptômes lorsque les médicaments classiques comportent trop d’effets secondaires. L’homéopathie, l’aromathérapie, la phytothérapie, la nutrithérapie ou encore la chiropratique, l'acupuncture peuvent être d’une grande aide. Il est important d’en parler à son médecin afin d’éviter certaines interférences. Il est également possible d'améliorer son confort au quotidien en adoptant une bonne hygiène de vie :
- Adopter une alimentation équilibrée, basifiante (qui réduit l’acidose), riche en fruits et légumes, céréales complètes, produits laitiers et protéines maigres, poissons gras et sources végétales d’oméga 3.
- Pratiquer une activité physique régulière, selon vos possibilités. Un programme d'exercice progressif et doux fonctionne souvent bien pour les personnes atteintes de douleurs musculaires et articulaires chroniques. Le yoga ou le tai chi peuvent être utiles.
- Réduire le stress et l’anxiété aiderait à réduire l’inflammation chronique spécifique aux maladies auto-immunes. Il est important de trouver selon sa propre sensibilité une façon de retrouver le calme et la sérénité en cas de besoin (méditation, autohypnose, relaxation, etc.)
Sources : womenshealth.gov