Saviez-vous que près de 35% des français souffrent au moins une fois par mois de reflux gastro-œsophagien (RGO) ?
Sensation de coup de poignard en haut de l’abdomen, aigreurs, goût acide dans la bouche et gorge qui pique, autant de symptômes qui doivent vous alerter et vous pousser à prendre les choses en main. En effet, si ce mal est courant, il n’en est pas moins désagréable, impacte la qualité de vie (un patient sur dix reconnaît que le reflux a affecté sa vie affective et sexuelle) et peut, à terme, engendrer des complications sérieuses.
Qu’est ce que le reflux gastro-œsophagien (RGO) ?
Ce qui se passe
On parle de reflux gastro-œsophagien quand une partie du contenu de l’estomac “remonte” dans l’œsophage.
L’estomac est un drôle d’organe. Cette “poche” contient quelque 1,5 litre d’acide chlorhydrique très concentré afin de maintenir un pH autour de 1 à 3 (le pH mesure de l’acidité, plus un pH est faible plus une solution est acide) alors que le reste du système digestif et donc l’œsophage a un pH neutre (autour de 7).
Ces substances très acides contenues dans l’estomac sont indispensables pour bien digérer les aliments.
L’estomac, recouvert d’un mucus spécifique supporte très bien cette acidité.
En revanche, la paroi de l’œsophage n’est pas du tout destinée à cela et n’est pas protégée.
Dès lors, les remontées acides provoquent une inflammation de cette paroi.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, le problème ne vient pas du fait que l’estomac est trop acide (les cas d’hypersécrétion chronique d’acide sont très rares) mais bien que des substances trop acides remontent à un endroit qui n’est pas destiné à cela.
Normalement, l’anatomie de la jonction entre l’œsophage et l’estomac doit garantir l’absence de reflux en créant une sorte de clapet. On pourrait voir le RGO comme le résultat d’un mauvais fonctionnement de ce clapet qui s’ouvre à des moments où il devrait rester serré.
Quelles sont les causes du RGO ?
On a longtemps cru que le reflux était un trouble mineur de l'estomac uniquement dû aux habitudes alimentaires, au stress ou à un mode de vie inadapté.
Aujourd’hui, il est clair qu’il s’agit en réalité d'un trouble d'origine neurologique. En effet, la cause majeure du RGO est un trouble de la relaxation d'un muscle du sphincter inférieur de l'oesophage (le “clapet” dont nous avons parlé plus haut).
Ce dérèglement serait responsable de près de 80 % des cas de RGO.
Le RGO peut-être associé à une hernie hiatale (passage d'une partie de l'estomac au-dessus du diaphragme, dans le thorax) mais à l’inverse, la hernie hiatale ne provoque pas toujours de reflux.
Si le mécanisme causal est maintenant bien identifié, on sait également qu’un certain nombre de facteurs favorisent le RGO:
- La grossesse, pour des raisons anatomiques les femmes enceintes sont plus sujettes au RGO.
- Le surpoids qui contribue, comme la grossesse, à exercer une surpression dans l’abdomen
- L'alcool
- Les repas irréguliers, trop gras ou trop copieux,
- La prise de certains médicaments (comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou encore la progestérone, les dérivés nitrés ou inhibiteurs calciques...)
- Le tabagisme
- Le stress excessif
Quels sont les symptômes du RGO ?
Le reflux gastro-œsophagien peut entraîner de nombreux symptômes. On pense d’abord, bien sûr, à un goût amer ou acide en bouche ainsi qu’à des douleurs qui vont de la simple gêne à la sensation d’un coup de poignard au niveau de la poitrine et du haut de l’abdomen.
Mais, d’autres signes peuvent apparaître:
- Sensation de brûlure et douleur lorsque l’on est a jeun
- Sensation de faim continuelle et douloureuse
- Mauvaise digestion, lourdeur, sensation que les repas “ne passent pas”
- Ballonnements
- Nausée
- Perte d'appétit
Lorsque le reflux tend à devenir chronique, des symptômes, parfois étonnants et dépassant la sphère digestive peuvent advenir:
- Oppression à la poitrine après les repas
- Tensions musculaires
- Constipation
- Perte de cheveux
- Sécheresse à la gorge
- Difficulté à avaler, mal de gorge (“fausse angines”)
- Toux sèche et récurrente, surtout nocturne
- Douleurs chroniques oreilles et/ou sinus
- Usure des dents
Une perte de poids rapide, une fatigue extrême ou des selles noires doivent vous amener à consulter.
Il convient aussi d’être vigilant avec les douleurs et les sensations d’oppression à la poitrine: si elles peuvent être le signe d’un reflux, elles peuvent être aussi des symptômes d’affections graves et urgentes comme un infarctus du myocarde ou une embolie pulmonaire qui nécessitent une prise en charge rapide.
Quelles sont les complications du RGO ?
Non seulement le reflux, du fait de ses multiples symptômes, altère nettement la qualité de vie des personnes qui en souffrent de manière chronique mais il peut également avoir un certain nombre de conséquences:
- Ulcérations superficielles de l’œsophage (œsophagites érosives)
- Ulcères plus profonds
- Rétrécissement de l’œsophage
- Cancer de l’œsophage
Il ne faut donc jamais prendre le reflux à la légère et savoir mettre en place des mesures pour le soulager et le prévenir lorsque l’on y est sujet afin d’éviter qu’il ne devienne chronique.
Comment traiter le reflux gastro-œsopaphagien naturellement ?
Prévenir et soulager le reflux gastro-œsophagien passe par le respect d’un certain nombre de règles hygiéno-diététiques qui permettent de limiter le recours aux médicaments.
Les bons réflexes anti-reflux
Pour lutter efficacement contre le reflux, et ce en parallèle à une alimentation adaptée, il convient de changer un peu ses habitudes:
- Fractionnez les repas et mangez tranquillement. Prenez le temps de bien mâcher et évitez les chewing-gums
- Attendez au moins deux heures pour aller vous coucher après le dîner car être allongé après avoir manger peut aggraver les symptômes du RGO. Relevez votre oreiller pour dormir.
- Évitez les vêtements trop serrés qui peuvent exercer une pression sur l’abdomen notamment au moment des repas et de la digestion.
- Essayez de mieux gérer votre stress - celui-ci peut interférer sur la digestion.
- Ayez une activité physique régulière: les personnes sédentaires sont souvent plus touchées par le RGO. Néanmoins, n’allez pas dans l’excès inverse: le sport intensif tend à chambouler le bon fonctionnement de l’appareil digestif.
- Arrêtez de fumer.
- Surveillez votre consommation l’alcool.
- Si vous êtes en surpoids, essayez de perdre quelques kilos.
Le stress étant un facteur favorisant et aggravant, il est important d’en identifier les causes et de les limiter mais aussi d’apprendre à mieux le gérer: méthodes de relaxation ou de respiration, yoga, thérapies comportementales et cognitives sont autant d’outils précieux. Une cure de magnésium peut également s’avérer utile afin de sortir du cercle vicieux du stress qui pourrait favoriser la chronicité du reflux.
L’alimentation anti-reflux
L’alimentation est bien-sûr au centre de la prévention et de la diminution de l’inflammation liée au RGO.
Voici 3 conseils pour éviter que le reflux s’installe et cause des complications :
Adoptez une alimentation protectrice
Misez sur les fruits et les légumes. Non seulement leur consommation est associée à un risque moindre de RGO mais leur teneur en antioxydants, en fibres, en vitamines et en minéraux alcalinisants aide l’œsophage à mieux résister à l’acide.
Consommez ainsi des fruits et des légumes, crus ou cuits, à chaque repas, pour leur effet protecteur. Privilégiez les plus colorés qui contiennent davantage d'antioxydants.
Pensez également aux céréales complètes et aux légumineuses qui permettront également de lutter contre la constipation susceptible d’aggraver le reflux.
Favorisez une bonne salivation
La digestion commence dans la bouche grâce à la mastication et à la salive. Cette dernière contient des composés qui protègent naturellement la paroi de l’œsophage. C’est pourquoi il est important qu’elle soit produite en quantité suffisante.
Pour ce faire :
- Supprimez les boissons gazeuses qui distendent l’estomac et contribuent à aggraver le reflux
- Ne buvez pas d’alcool
- Préférez l’eau minérale plate et les tisanes
- Prenez le temps de bien mastiquer
Limitez les aliments agressifs
Certains aliments ont tendance à favoriser ou à accentuer le reflux, il convient donc de les supprimer ou, du moins, de les limiter:
- Les aliments et les boissons acides: agrumes, tomates, vinaigre, jus de citron, etc. qui agressent et irritent l’œsophage.
- Les aliments trop gras qui tendent à provoquer le reflux
- Les aliments d’origine animale qui augmentent le reflux
- Les aliments en conserves et les boissons en canettes qui tendent à augmenter certains symptômes associés au RGO comme les ballonnements et la mauvaise digestion.
Concrètement, le régime méditerranéen, riche en végétaux poisson, huile d’olive et pauvre en viande rouge et charcuteries ainsi qu’en produits transformés semble être un bon modèle à adopter pour lutter contre le reflux.
Les compléments alimentaires
Afin de soulager les symptômes et d’éviter que le reflux ne s'installe, certains compléments alimentaires en nutrithérapie et en phytothérapie peuvent apporter un soutien précieux.
Les probiotiques
Le reflux gastro-oesophagien est favorisé par une augmentation de la pression intra-abdominale, notamment par les ballonnements qui sont souvent causés par une fermentation excessive. Or, cette fermentation est, le plus souvent, causée par un déséquilibre du microbiote intestinal et à un développement important des “mauvaises” bactéries.
Dès lors, une cure de probiotiques va permettre de rééquilibrer le microbiote au profit des “bonnes” bactéries qui œuvrent notamment pour que la digestion se passe bien. La sensation de pesanteur et les gonflements de l’abdomen seront ainsi atténués ce qui permettra au “clapet” entre l’estomac et l’œsophage de fonctionner correctement.
La glutamine
La glutamine est un acide aminé qui a notamment des vertus anti-inflammatoires. Il va permettre de diminuer l’inflammation au niveau de la muqueuse œsophagienne.. D’une manière plus globale, il contribue au confort digestif souvent perturbé lorsque l’on souffre de reflux.
Il est recommandé d’en faire une cure de 1 à 3 mois conjugué avec des probiotiques pour une action optimale.
Les formules contenant de la cannelle et du curcuma sont à privilégier car l’action apaisante de la glutamine sera maximisée par celle de ces deux plantes aux vertus également anti-inflammatoires.
La phytothérapie
L’artichaut, connu pour stimuler le foie et la vésicule biliaire aide à la sécrétion de sucs gastriques lorsqu’il y a une déficience au niveau digestif. Son action va permettre de corriger une acidité trop importante et d’aider corriger un dysfonctionnement au niveau du sphincter gastro-œsophagien. Utilisé notamment en suspension intégrale de plantes fraîches, il va ainsi contribuer à limiter le mécanisme physiologique causant le reflux.
La mélisse a, quant à elle, des effets anti-inflammatoire, digestifs et calmants. Elle est ainsi utile pour apaiser les brûlures de la muqueuse entraînées par le reflux. En outre, ses propriétés relaxantes seront fort utiles pour ceux dont le RGO est augmenté par le stress.
Le reflux gastro-œsophagien est courant tant et si bien que beaucoup le prennent parfois à la légère. Ce qui est regrettable car la forme chronique est non seulement des plus handicapante mais peut aussi dégénérer en des affections sévères.
Il est donc primordial de ne pas le laisser s’installer et de réagir rapidement.