Bien que bénigne, l’allergie saisonnière est un véritable enjeu de santé publique et un handicap pour ceux qui en souffrent.
Nez bouché, qui gratte ou qui coule, yeux rouges, l’arrivée du printemps ne ravit pas tout le monde. En effet, c’est aussi la saison des allergies respiratoires qui, si elles sont souvent bénignes, n’en sont pas moins très désagréables.
Qu’est-ce que l’allergie saisonnière ? Quels sont ses symptômes ? Et surtout comment s’en débarrasser ?
Qu’est-ce que l’allergie saisonnière ?
On peut expliquer l’allergie comme une réponse excessive du système immunitaire à une substance qu’il reconnaît comme étrangère et que l’on appelle alors allergène.
Lorsque le système immunitaire fonctionne bien, l’organisme ne subit aucune perturbation. Mais il arrive qu’après une exposition à une substance particulière, il se défende de manière excessive. Alors que cette substance allergène sera parfaitement inoffensive pour certaines personnes, chez les personnes sensibilisées, elle sera considérée comme dangereuse.
Le mécanisme d’action de l’allergie se déroule en deux temps (1) :
- D’abord une phase de sensibilisation au cours de laquelle le système immunitaire identifie la substance étrangère comme étant dangereuse (1ᵉʳ contact). Il se met à produire des anticorps contre cet allergène.
- Puis une phase de réaction allergique lorsque l’organisme entre une nouvelle fois en contact avec l’allergène. La réaction allergique se déclenche. Le système immunitaire réagit ; les anticorps cherchent à éliminer l’allergène en déclenchant un ensemble de réactions de défense. Ils se fixent alors sur d'autres cellules du système immunitaire : les mastocytes, qui libèrent de l'histamine. C’est ainsi qu’apparaissent les premiers symptômes.
Si l’allergie se déclenche uniquement pendant certaines saisons, on parle d’allergie saisonnière. La plus courante est l’allergie aux pollens.
L’organisme de la personne sensibilisée réagit de manière extrême aux pollens produits par certaines plantes (arbres, graminées ou herbacées) et dispersés par le vent. On parle le plus souvent de “rhinite allergique saisonnière” (ou “rhino-conjonctivite allergique”).
Six grandes familles d’arbres sont à l’origine de réactions allergiques :
- les bétulacées : bouleau, aulne, charme, noisetier
- les cupressacées : cyprès, genévrier, thuya
- les fagacées : hêtre, châtaignier, chêne
- les oléacées : olivier, frêne, troène
- les pinéacées : sapin, pin, épicéa, mélèze, cèdre
- les platanacées : platane
On explique encore mal les causes des allergies saisonnières, mais, et notamment parce qu’elles sont en constante augmentation, on incrimine tout particulièrement nos modes de vie actuels (2) (3) :
- La pollution. Les particules de diesel sont dangereuses, car certains composés chimiques et pollens allergisants s'y accrochent, ce qui augmente le risque d'allergie. La pollution à l’ozone est également un facteur d’allergie, car elle fragilise la muqueuse nasale qui absorbe 40% de l’ozone inhalé.
- La vie dans des habitations peu aérées et trop chauffées
- le tabac qui fragilise les muqueuses
- le stress, qui agit comme un polluant pour le corps et pour l’esprit. Plusieurs études montrent que le stress, à cause de son effet néfaste sur l’immunité et sur les systèmes de protection de l’organisme contre l’inflammation, est associé à un risque augmenté de rhinite et d’asthme allergiques.
- le réchauffement climatique. Les périodes « douces » de l’année commencent à l’heure actuelle plus tôt et finissent plus tard. Du fait que les plantes poussent plus vite, la durée des saisons polliniques et la quantité de pollens dans l’environnement augmentent.
- la mondialisation. L’importation de plantes dans les pays où elles ne poussent pas naturellement expose à de nouveaux allergènes qui déclenchent ou favorisent de nouvelles allergies.
Quels sont les symptômes de l’allergie saisonnière ?
Lorsqu’ils sont présents dans l’air, les pollens peuvent se déposer sur la peau, les yeux, le nez et les bronches, provoquant des symptômes tels que :
- des éternuements,
- un nez qui pique, qui coule ou qui se bouche,
- des yeux rouges et larmoiements,
- une tension dans les sinus,
- des maux de gorge,
- une toux,
- des difficultés respiratoires,
- une altération du goût
Mais chez 15% environ des allergiques, ces symptômes s’accompagnent de complications médicales : sinusites et sinusite chroniques, otites, apnées du sommeil, diminution de la qualité de sommeil(5), difficultés de concentration(6) et même asthme(7).
À la différence d’infections bactérienne ou virale, les allergies saisonnières ne provoquent pas de fièvre ni de courbatures ou de céphalées, les écoulements nasaux et pharyngés demeurent clairs et il n’y a pas de crachat purulent.
Lorsque les symptômes de la rhinite allergique sont particulièrement intenses, il est recommandé de consulter un allergologue ou un ORL qui par des tests cutanés et/ou sanguin confirmera le diagnostic et pourra éventuellement procéder à une désensibilisation.
L'alimentation anti-allergies saisonnières
De manière, surprenante, puisqu’il ne s’agit pas d’allergie alimentaire, des menus adaptés permettent de prévenir les allergies saisonnières et d’en limiter les symptômes.
Un régime anti-inflammatoire et riche en antioxydants sera tout particulièrement adapté.
Faites la part belle aux :
- Fruits et légumes riches en vitamine C (8). Cette vitamine a une action anti-histaminique naturelle en bloquant la sécrétion de l'histamine par les globules blancs. Pensez à la goyave, au poivron jaune, au cassis, au kiwi, au litchi, à la papaye et aux agrumes.
- Crucifères (chou, brocolis, chou rouge, kale, rutabaga, navet…) Cette famille de végétaux aide à dégager les voies respiratoires du mucus qui les encombre.
- Au cassis et au raisin noir, riches en un polyphénol appelé resvératrol qui tend à supprimer les réactions allergiques des IgE (les anticorps stimulés par l'immunoglobuline E) (9).
- À l’ail et à l’oignon, riches en quercétine (10) qui agit également comme un antihistaminique naturel. La pomme en contient aussi, mais elle est à éviter si vous êtes allergique au bouleau en raison des allergies croisées.
- Aux aliments contenant des omega-3 aux vertus anti-inflammatoires (11) : poissons gras (thon, saumon, hareng, sardine, truite… Méfiez-vous cependant des conserves qui sont souvent riches en histamine), huiles de colza, de lin, de chanvre, oléagineux (noix, noisettes, amandes…)
- Au gingembre et au curcuma qui, eux aussi, tendent à limiter l’inflammation
En revanche, certains aliments sont à limiter sinon à exclure au moins le temps que dure l’allergie :
- Le café qui augmente la production d’histamine et accroît la sensation d’inflammation générale. En outre, il fragilise la muqueuse intestinale, ce qui contribue au phénomène d'hyper perméabilité qui diminue l’immunité.
- La nourriture épicée
- les produits laitiers. Fromages et produits laitiers tendent à augmenter la production de mucus ainsi que l’inflammation.
- Le sucre raffiné qui provoque d’importantes fluctuations de la glycémie qui suscite des montées d’adrénalines responsables de libération d’histamine.
- L'alcool(12) qui cause une dilatation des vaisseaux sanguins et aggrave l’irritation de la muqueuse nasale et la sensation de nez bouché
Il est également judicieux d’éviter autant que possible les médicaments qui fragilisent la muqueuse intestinale et favorisent l’hyper-perméabilité intestinale :
- l’aspirine,
- les anti-inflammatoires,
- les laxatifs
Les compléments alimentaires contre les allergies saisonnières
Traditionnellement, on prescrit des antihistaminiques et des décongestionnants pour soulager les symptômes des allergies respiratoires. Souvent efficaces, ils ont cependant des effets secondaires. Les premiers peuvent entraîner des effets dits ”anticholinergiques” (somnolence, sécheresse buccale, flou visuel, constipation, difficulté à uriner, confusion ou sensation de vertiges). Les seconds peuvent, sur le long terme, aggraver ou prolonger la congestion nasale (c’est ce qu’on appelle l’effet rebond) et finalement induire une congestion chronique. En outre, ils ne sont pas toujours efficaces sur le long terme.
Il peut donc être intéressant, si vous êtes sujet à ces effets secondaires ou si les symptômes résistent au traitement, d’avoir recours à des compléments alimentaires.
- Les probiotiques, tout particulièrement les souches lactobacilles, sont efficaces en matière de prévention(13) des rhinites allergiques. En effet, en restaurant la flore intestinale, ils renforcent l’immunité et jouent ainsi un rôle positif contre les allergies. En outre, certaines souches (14) (15) permettraient également de diminuer les symptômes de la rhinite et de la conjonctivite.
- La quercétine est un flavonoïde de source végétale qui inhibe la production d'histamine (16) (17). On pense aujourd’hui que la quercétine pourrait atténuer les réactions inflammatoires de la rhinite allergique.
- la vitamine D possède d’importantes propriétés de modulation de la réponse immunitaire (18). On remarque qu’une déficience en vitamine induite fréquemment des phénomènes d’allergie. Sachant que près de 80% des Français sont carencés en vitamine D, une supplémentation peut s’avérer particulièrement intéressante, notamment durant l’hiver et au début du printemps.
- L'ortie, riche en minéraux, vitamines et oligoéléments, possède une action reconstituante et stimulante, et permet de faire le plein de tonus et de vitalité.
- Le cassis qui, étant un excellent anti-inflammatoire, agit de manière efficace durant les épisodes allergiques et en diminue notablement les symptômes(19). Il permet également de réduire la fatigue souvent associée à la rhino-conjonctivite saisonnière.
Les bonnes habitudes contre les allergies saisonnières
Si vous êtes allergiques aux pollens, certaines mesures quotidiennes peuvent vous aider à limiter l’exposition aux pollens et ainsi diminuer l’intensité des symptômes.
Il faut être conscient que le taux de pollen augmente lorsque l’air est chaud, sec et ensoleillé. Face à de telles conditions climatiques, il est préférable :
- d’éviter les promenades dans les champs ou les herbes hautes si vous êtes allergique aux pollens de graminées ou d’herbacées et dans les forêts et les parcs si vous êtes allergique aux pollens d’arbres (allergie au cyprès, allergie au bouleau.
- de fermer les fenêtres aux heures les plus chaudes,
- d’éviter les efforts physiques en extérieur,
D’autres petits trucs permettent de diminuer l’exposition aux pollens :
- roulez les vitres fermées en voiture,
- éviter de tondre la pelouse si vous êtes allergique aux herbacées,
- ne faites pas sécher le linge en extérieur, celui-ci risquerait de ramener des pollens à l’intérieur,
- lavez-vous les cheveux et changez-vous lorsque vous rentrez d’une promenade,
- évitez le contact avec des produits irritants: tabac, aérosols, parfums…,
- évitez de porter des lentilles de contact en cas de conjonctivite allergique,
- évitez le chlore des piscines qui a tendance à augmenter les symptômes de la rhino-conjonctivite sur des muqueuses déjà irritées.
- Bien que bénigne, l’allergie saisonnière est un véritable enjeu de santé publique et un handicap pour ceux qui en souffrent. Il suffit parfois de mesures simples pour la prévenir et en diminuer les symptômes.
Sources:
jesuisallergique.fr
Pourquoi y a-t-il aujourd'hui autant d'allergiques ? Le Figaro Santé, 12/04/2010
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